Lettre de Jean Barrère (cadet), Bayonne, à Jean Laborde , Louisbourg
Dublin Core
Titre
Lettre de Jean Barrère (cadet), Bayonne, à Jean Laborde , Louisbourg
Créateur
Barrère, Jean (cadet)
Contributeur
Lafuente, Annabelle (transcription); Talec, Jean-Phillippe (transcription); Videgain, Charles (transcription)
Éditeur
CNRS IKER (UMR 5478)
Date
23/10/1756
Type
manuscrit
Format
PDF
Étendue de la ressource, taille, durée
2 fichiers (fac-similé 1752 Ko, transcription 596 Ko) ; le texte contient 1512 mots.
Support
papier
Langue
français
Source
Documents reconstitués à partir de photographies au format 'jpeg' prises dans le fonds HCA.
Sujet
commerce, communications, transports
Nouvelle-France
correspondance
Description
Dans sa lettre datée du 23 octobre 1756, Jean Barrère, depuis Bayonne, s'adresse à Jean Laborde à Louisbourg, lui faisant part de la réception de sa correspondance et des événements concernant le bateau "le Victorieux" (Dauphin de Louisbourg).
Résumé
Barrère rapporte que son bateau a dû se réfugier à La Corogne suite à une poursuite par les Anglais et que les produits comme le sirop et la morue sont stockés à Bayonne, espérant une vente profitable. Il mentionne également les ventes de sirops à La Rochelle, exprime ses préoccupations sur le stock prolongé à cause de la faible demande et prévoit que le bateau ne repartira pas avant fin janvier. Finalement, Barrère exprime son espoir de compensation par un bon mariage à venir, après avoir souligné ses efforts pour rester en bonne santé et sa vie sociale active à Bayonne.
Couverture spatiale
Louisbourg
Bayonne
Couverture temporelle
18e siècle
Droits
Domaine public
Droit d'accès
Nous tenons à exprimer notre sincère gratitude aux Archives nationales du Royaume-Uni, Kew à Londres (TNA) pour l'utilisation des copies numériques du fonds Prize Papers.
Licence
Paternité - Pas d'utilisation commerciale - Partage selon les Conditions Initiales [CC] [BY] [NC] [SA]
Est une partie de
Documentation conservée à Archives de la High Court of Admiralty and colonial Vice-Admiralty courts (Londres)
Référence
Talec Jean-Philippe et Videgain Charles (eds.), Mémoires, lettres et papiers du Dauphin : Bayonne, Louisbourg, Londres – 1757, La Crèche, La Geste éditions (coll. « Presses universitaires de Nouvelle-Aquitaine »), 2024, 606 p.
Provenance
TNA, HCA 32/180/7
Texte Item Type Metadata
Texte
194
À Mr Laborde, à Louisbourg de Jean Barrere, Bayonne
Mr. Laborde à Louisbourg, Bayonne le 20 octobre 1756
Triplicata
La réception de votre lettre mon cher Laborde datée du 20 juillet dernier par votre bateau le Victorieux, jadis le Dauphin, capitaine Harismendy, m’a fait trop de plaisir pour que je ne profite pas de toutes les occasions à vous en faire parvenir des miennes. Mr Goguil écrit cet ordinaire à mon frère, qu’il y en à une à La Rochelle , c’est pour quoy je n’ay que le tems de vous dire que votre batteau est icy depuis 33 jours, après avoir été de relâché à la Corogne chassé par les anglais. Votre sirop est en magasin ainsy que votre morue, que s’est trouvée belle. Je ne doute pas que Mr Lannes ne vous en tire un bon pris, puis qu’il n’y a que la votre en ville. Il s’en est vendu à St Jean de Luz, une cargaison d’une prise depuis 28 à 32 livres le 2e. Jugés de là, s’il doit tiré bon party de la votre. Il y a un mois que j’ay fini la vente de mes sirops que javais laissés à La Rochelle, on me marque les avoir vendus à Mr Etienne Augier le fils décharente à 10 livres tournois le quintal. J’en attends au premier courrier le compte de vente et le payement à 3 vances sur Paris. Je crains que le votre ne reste longtems en magazin, attendu que cette denrée n’a pas actuellement beaucoup de defaites , votre batteau ne partira pas d’icy qu’a la fin de janvier, suivant le raport du capitaine Harismendy, il m’a dit que Lannes n’a pas jugé à propos de vous l’expediée actuellement. Je n’en ay pas leur devenir, la raison. Je vous enverray par ledit batteau et le contenu du mémoire pour ma femme, suivant ses désirs et les votres, faites luy en attendant bien des amitiés de ma part. Par le courrier d’hier j’aprends que mon finaute est party de la Martinique, en compagnie de Mr Daubigny. Celluy cy est arrivé aux raddes de La Rochelle. J’attends incessamment le mien, si les anglais l’ont laissé passée, s’il en est autrement il faudra se consoler vue que je suis assuré la différence sera toujours grande de la perte au profite. Je fais comme vous je me console aisément et j’espère que cet hiver, un bon mariage me dédommagera. Je suivray à ce sujet exactement ce que vous me marqués. Depuis le mois de juin ; mon cher Laborde, j’ay été deux fois à Cambo pour y boire les eaux qui m’ont fait un bien merveilleux, actuellement je me porte comme la santé et j’espère quelle se soutiendra par la bonne nourriture que je prends, il n’en est pas de même chez vous. Envoyer moy mon cher amy, exécutez ce que vous me dites par votre lettre, venez dans votre patrie, icy on mange de bon raisin d’Anglet vous savez qu’ils sont bons. Venez donc voir, si vous en aurés perdu le goût ainsy que des pêches, poires et ect. Je ne vous y verray pas aussy tôt que je le souhaite, bien sincèrement. J’ay mis en campagne des gens connaisseurs pour l’acquisition que vous avez envie de faire. Lorsque je sauray quelque chose qui pourra vous convenir je vous en instruiray. Il y a un bien à Sames , distance de quatre Lieux d’icy appartenant a Mme Dolives . J’ay compris qu’il est à vendre et qu’il pourra valoir environ 50 à 60 M. livres et il donne année comune de deux à trois milles livres, j’ay compris qu’on le négliger, et que c’est un bien qui avec quelques augmentations qu’on pourrait y faire, donnerait bien au-delà. Il faudra aussy une maison de maître attendue que celle qui y est tombé en ruine. Dites moy en réponce votre façon de pensée ce bien sera sans litige. Vous pourés connaître la maison de cette dame, elle na qu’un fils et une fille, comme la mère est d’un age avancé, on la laisse agée et faire tout ce quelle veut. Nous avons cessé de jouée aux quilles et à la pelote, actuellement nous nous asemblons à 6 heures du soir pour allée jouée au Piquets , à écrire jusques à 8 heures, ce jeu consiste à être deux contre deux, la fiche vaut 10 sous. On peut perdre le plus 6 livres chacun. Je vois que cette partie qui dure tout l’heure ne nous ruinera pas. Vous ne faites pas de même, vous gagnés des 800 livres pour vos batards en vous amusant et moy je reste dans l’inaction. Aincy je vous l’ay dit souvent que vous étais un libertin, ma morale ne vous touchera pas vieux pêcheur. Vous dites que vous attraper de la lagagne , je n’en suis pas surpris. Votre assiduité auprès des jeunes tendrons , vous feront perdre tout a fait leur vue. Je ne le souhaite pas pour que si vous effectués ce que vous me dites, vous ayés le plaisir de faire les yeux doux à ma femme. Si elle veut vous écoutée, ma jalousie ne vous retiendra pas auprès d’elle en supposant que je le fais. Je vous connais vieux routier, cella me sufit. Venés y seulement avec madame et votre chère famille. Vous me trouverés et que j’étais chez vous, c’est a dire même humeur.
Nos corsaires c’est a dire, un Vermadain apartenant a Mr B. de Carrere a fait pour 100 m livres de prises et resort pour la seconde fois celluy à Lannes, la Levrette, en a dans le port pour 100 m livres et une prise à la Corogne qui a ce qu’on dit vaut 200 m livres. L’Esperance de Hiriart et St Jean a dans le port 20 m livres et une rançon de 5 m livres est qui vient par terre de la Corogne. Le Corsaire est encore en mer. Voilla les progrès jusques a présent. Mon frère a le bonheur d’être intéresse dans les trois et moy qui n’y ay pas eu de foy, je ny ai rien. En revanche, j’ay une bonne somme dans la Comtesse de Gramont que mon frère arme je vous ay marquée qu’il aura 18 canons de 6 livres de balle et sortira au commencement de décembre avec 230 homes et équipage par conséquent armé jusques aux dents. Si vous me marqués que vous y voulé interest, je vous cederay l’amitié du mien attendu que l’armement est plein et qu’il n’y a rien à céder à personne, autre celluy de mon frère. Il y en a 10 sur les chantiers depuis 75 pieds de quille jusques à 118, tant à St Jean de Luz qu’ic. Si l’envie vous prend d’y prendre quelque action, prevener mes services. Tout respire icy vengence, des insultes que les anglais nous ont fait, sur tout sur cette place où on a la faveur de la course. Assurés je vous prie madame de mon respect, et les dames Daccarette, Morain, Milly et compagnie. Et bien des compliments, à tous nos amis de chez vous, et me croyer sans réserve avec la plus parfaite consideration, Cousins et cher amy, Votre très humble et très obéissant serviteur.
J. Barrere Cadet
À Mr Laborde, à Louisbourg de Jean Barrere, Bayonne
Mr. Laborde à Louisbourg, Bayonne le 20 octobre 1756
Triplicata
La réception de votre lettre mon cher Laborde datée du 20 juillet dernier par votre bateau le Victorieux, jadis le Dauphin, capitaine Harismendy, m’a fait trop de plaisir pour que je ne profite pas de toutes les occasions à vous en faire parvenir des miennes. Mr Goguil écrit cet ordinaire à mon frère, qu’il y en à une à La Rochelle , c’est pour quoy je n’ay que le tems de vous dire que votre batteau est icy depuis 33 jours, après avoir été de relâché à la Corogne chassé par les anglais. Votre sirop est en magasin ainsy que votre morue, que s’est trouvée belle. Je ne doute pas que Mr Lannes ne vous en tire un bon pris, puis qu’il n’y a que la votre en ville. Il s’en est vendu à St Jean de Luz, une cargaison d’une prise depuis 28 à 32 livres le 2e. Jugés de là, s’il doit tiré bon party de la votre. Il y a un mois que j’ay fini la vente de mes sirops que javais laissés à La Rochelle, on me marque les avoir vendus à Mr Etienne Augier le fils décharente à 10 livres tournois le quintal. J’en attends au premier courrier le compte de vente et le payement à 3 vances sur Paris. Je crains que le votre ne reste longtems en magazin, attendu que cette denrée n’a pas actuellement beaucoup de defaites , votre batteau ne partira pas d’icy qu’a la fin de janvier, suivant le raport du capitaine Harismendy, il m’a dit que Lannes n’a pas jugé à propos de vous l’expediée actuellement. Je n’en ay pas leur devenir, la raison. Je vous enverray par ledit batteau et le contenu du mémoire pour ma femme, suivant ses désirs et les votres, faites luy en attendant bien des amitiés de ma part. Par le courrier d’hier j’aprends que mon finaute est party de la Martinique, en compagnie de Mr Daubigny. Celluy cy est arrivé aux raddes de La Rochelle. J’attends incessamment le mien, si les anglais l’ont laissé passée, s’il en est autrement il faudra se consoler vue que je suis assuré la différence sera toujours grande de la perte au profite. Je fais comme vous je me console aisément et j’espère que cet hiver, un bon mariage me dédommagera. Je suivray à ce sujet exactement ce que vous me marqués. Depuis le mois de juin ; mon cher Laborde, j’ay été deux fois à Cambo pour y boire les eaux qui m’ont fait un bien merveilleux, actuellement je me porte comme la santé et j’espère quelle se soutiendra par la bonne nourriture que je prends, il n’en est pas de même chez vous. Envoyer moy mon cher amy, exécutez ce que vous me dites par votre lettre, venez dans votre patrie, icy on mange de bon raisin d’Anglet vous savez qu’ils sont bons. Venez donc voir, si vous en aurés perdu le goût ainsy que des pêches, poires et ect. Je ne vous y verray pas aussy tôt que je le souhaite, bien sincèrement. J’ay mis en campagne des gens connaisseurs pour l’acquisition que vous avez envie de faire. Lorsque je sauray quelque chose qui pourra vous convenir je vous en instruiray. Il y a un bien à Sames , distance de quatre Lieux d’icy appartenant a Mme Dolives . J’ay compris qu’il est à vendre et qu’il pourra valoir environ 50 à 60 M. livres et il donne année comune de deux à trois milles livres, j’ay compris qu’on le négliger, et que c’est un bien qui avec quelques augmentations qu’on pourrait y faire, donnerait bien au-delà. Il faudra aussy une maison de maître attendue que celle qui y est tombé en ruine. Dites moy en réponce votre façon de pensée ce bien sera sans litige. Vous pourés connaître la maison de cette dame, elle na qu’un fils et une fille, comme la mère est d’un age avancé, on la laisse agée et faire tout ce quelle veut. Nous avons cessé de jouée aux quilles et à la pelote, actuellement nous nous asemblons à 6 heures du soir pour allée jouée au Piquets , à écrire jusques à 8 heures, ce jeu consiste à être deux contre deux, la fiche vaut 10 sous. On peut perdre le plus 6 livres chacun. Je vois que cette partie qui dure tout l’heure ne nous ruinera pas. Vous ne faites pas de même, vous gagnés des 800 livres pour vos batards en vous amusant et moy je reste dans l’inaction. Aincy je vous l’ay dit souvent que vous étais un libertin, ma morale ne vous touchera pas vieux pêcheur. Vous dites que vous attraper de la lagagne , je n’en suis pas surpris. Votre assiduité auprès des jeunes tendrons , vous feront perdre tout a fait leur vue. Je ne le souhaite pas pour que si vous effectués ce que vous me dites, vous ayés le plaisir de faire les yeux doux à ma femme. Si elle veut vous écoutée, ma jalousie ne vous retiendra pas auprès d’elle en supposant que je le fais. Je vous connais vieux routier, cella me sufit. Venés y seulement avec madame et votre chère famille. Vous me trouverés et que j’étais chez vous, c’est a dire même humeur.
Nos corsaires c’est a dire, un Vermadain apartenant a Mr B. de Carrere a fait pour 100 m livres de prises et resort pour la seconde fois celluy à Lannes, la Levrette, en a dans le port pour 100 m livres et une prise à la Corogne qui a ce qu’on dit vaut 200 m livres. L’Esperance de Hiriart et St Jean a dans le port 20 m livres et une rançon de 5 m livres est qui vient par terre de la Corogne. Le Corsaire est encore en mer. Voilla les progrès jusques a présent. Mon frère a le bonheur d’être intéresse dans les trois et moy qui n’y ay pas eu de foy, je ny ai rien. En revanche, j’ay une bonne somme dans la Comtesse de Gramont que mon frère arme je vous ay marquée qu’il aura 18 canons de 6 livres de balle et sortira au commencement de décembre avec 230 homes et équipage par conséquent armé jusques aux dents. Si vous me marqués que vous y voulé interest, je vous cederay l’amitié du mien attendu que l’armement est plein et qu’il n’y a rien à céder à personne, autre celluy de mon frère. Il y en a 10 sur les chantiers depuis 75 pieds de quille jusques à 118, tant à St Jean de Luz qu’ic. Si l’envie vous prend d’y prendre quelque action, prevener mes services. Tout respire icy vengence, des insultes que les anglais nous ont fait, sur tout sur cette place où on a la faveur de la course. Assurés je vous prie madame de mon respect, et les dames Daccarette, Morain, Milly et compagnie. Et bien des compliments, à tous nos amis de chez vous, et me croyer sans réserve avec la plus parfaite consideration, Cousins et cher amy, Votre très humble et très obéissant serviteur.
J. Barrere Cadet
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Barrère, Jean (cadet), “Lettre de Jean Barrère (cadet), Bayonne, à Jean Laborde , Louisbourg,” Entrepôt de données ANPERSANA, consulté le 25 novembre 2024, https://anpersana.univ-pau.fr/items/show/387.